4 mars 2004:

Avis de tempête à la prison centrale de Moulins-Yzeure.

Depuis hier, les prisonniers de la centrale de Moulins protestent contre le
placement au quartier disciplinaire (mitard) de six d'entre eux : pour
exprimer leur solidarité et montrer leur détermination à exiger la sortie du
mitard de leurs codétenus, ils ont rendu les télévisions et les frigos qu'
ils louent habituellement à l'administration, ils ont cessé le travail, les
activités, les promenades, etc.
Ce mouvement est directement lié au placement de deux prisonniers au mitard
et d'un autre au quartier d'isolement vendredi dernier. Contestant cette
décision, des prisonniers se sont rendus lundi en délégation auprès de la
direction. Résultat : et de six au quartier disciplinaire !
Parmi ceux placés au mitard, figure Pascal Brozzoni, un des inculpés de l'
incendie de la prison de Clairvaux en avril 2003, qui revendique ses actes
(cf. son texte intitulé : « On n'est pas venu en prison pour travailler »,
ou pourquoi j'ai mis le feu aux ateliers de la prison de Clairvaux). Nous
sommes particulièrement vigilants à sa situation dans le contexte de
surenchère de la part des matons, notamment ceux de Clairvaux, à moins d'une
semaine du procès (le 9 mars prochain).

La sarkopathie aigue expliquée aux braves gens.
1. Remettez en cause des réformes vieilles de vingt ans.
Par exemple, les parloirs sont dits « libres » depuis 1983 : c'est à dire
que les personnes ne sont plus séparées par un hygiaphone. Or, depuis
quelques mois, tous les détenus classés DPS (Détenus Particulièrement
Surveillés), lorsqu'ils sont dans les maisons d'arrêt, ont systématiquement
parloir avec hygiaphone.
2. Remettez en cause les acquis des luttes des prisonniers.
Comme c'est le cas avec l'ouverture des portes de cellule : habituellement,
en journée, l'ouverture des portes permettait, dans les établissements où
les détenus purgent de longues peines (comme à la centrale de Moulins) aux
prisonniers de se rencontrer et d'avoir une vie sociale minimale. C'est
quand même pas la lune. Bah, ça aussi, c'est supprimé.
3. Humiliez les familles des prisonniers.
Le 5 janvier dernier, suite à la multiplication des fouilles auxquelles les
familles étaient soumises, mais surtout aux conditions dégradantes dans
lesquelles elles sont faites, une trentaine de proches de détenus de la
centrale de Moulins avaient refusé de quitter le parloir durant trois quarts
d'heure. Le 17 janvier, la direction avait envoyé des recommandés à une
quinzaine de familles : «Vous avez contesté les mesures de contrôle [...] Je
crois devoir vous informer que le renouvellement d'un tel comportement me
conduirait à envisager la suspension de votre permis de visite.» En bref,
faut se taire, quoiqu'il arrive.
4. Transférez les prisonniers loin de leur famille.
Le 22 janvier, deux prisonniers politiques basques étaient transférés de
Moulins vers les quartiers d'isolement des maisons d'arrêt de Rouen et de
Strasbourg, c'est à dire bien loin de leurs proches et dans des
établissements dont le régime de détention ne correspond en rien à leur
situation pénale (en tant que condamnés, ils n'ont pas à être en maison d'
arrêt). L'un deux, Julen Atxurra Egulorra, placé au Quartier d'isolement à
Rouen poursuit une grève de la faim depuis le 2 février pour protester
contre ses conditions de détention.
5. A nous de jouer, non ?


[Nous faisons au mieux avec les infos qui nous parviennent, pour
transmettre, essayer de comprendre.

Mais c'est mieux quand les personnes concernées écrivent elles-mêmes !]