Ouest France 

vendredi 13 février 2004

Le chantier de la future prison incendié



Des cocktails molotov lancés sur plusieurs engins à Rennes

 

Plusieurs matériels, dont une pelleteuse, ont été détruits par des engins incendiaires sur le chantier de démolition des anciens abattoirs de Rennes, route de Lorient. Le site accueillera le futur centre pénitentiaire de la ville en 2007.

Mauvaise surprise pour les conducteurs de deux pelleteuses, lundi matin, à la reprise du travail. L'un des engins avait été entièrement détruit par les flammes. « Il faisait encore nuit à 7 h. J'ai trouvé que l'engin avait une drôle de couleur. On aurait dit qu'il avait été peint en noir. » Dans un décor couvert de tags, le conducteur, Slimane Sibah, domicilié à Angers, s'attendait à tout. Mais il ne pouvait imaginer que son outil de travail serait la cible de cocktails molotov. C'est pourtant ce qui s'est produit dans la nuit de dimanche à lundi, sur le site des anciens abattoirs de Rennes, près de la route de Lorient. Avec la pelleteuse, ont été détruits selon le même procédé un tractopelle et un groupe électrogène, propriété de la société Occamat, installée près de Segré (Maine-et-Loire). La seconde pelleteuse du chantier a failli connaître le même sort. Un cocktail molotov a été retrouvé à bord par le conducteur.

Les démolisseurs sont à pied d'oeuvre depuis un mois sur le site qui accueillera le futur centre pénitentiaire de la ville. Là sera construite une prison de 600 places, laquelle devrait ouvrir ses portes en 2007. En commençant ce chantier, les deux conducteurs, Slimane Sibah et Jean-Yves Riou, ont eu un aperçu du climat dans le quartier. « Nos bungalows tout neufs ont été tagués dès notre arrivée. » Lors du dernier week-end, deux tags en forme de tête de mort avaient été tracés sur la pelleteuse. Il fallait certainement y voir un avertissement. Pourtant les deux hommes n'ont eu aucun contact avec les occupants d'un lieu qui devait être un sanctuaire pour les squatters. « Ils n'ont sans doute pas aimé qu'on les déloge, remarque Jean-Yves Riou. Mais où va-t-on ? J'ai déjà travaillé dans des quartiers chauds. C'est la première fois que je vois ça. »

Les dégâts sont estimés à 200 000 euros. Le parquet de Rennes fait procéder à l'analyse des engins incendiaires et se garde pour le moment de faire le rapprochement avec la future prison. L'enquête a été confiée aux gendarmes de Pacé. Quant au chantier, il suit son cours, mais prend du retard. La pelleteuse de remplacement devrait être livrée lundi.