Les prisonniers ont raison de se révolter !

 

La politique de Perben and co. dans les taules, c’est simple à comprendre :

1. Remettre en cause des réformes vieilles de vingt ans.

Les parloirs sont dits « libres » depuis 1983 : c'est à dire que les personnes ne sont plus séparées par un hygiaphone. Or, depuis quelques mois, tous les détenus classés DPS (Détenus Particulièrement Surveillés) ont systématiquement parloir avec hygiaphone lorsqu’ils sont dans les maisons d’arrêt.

2. Attaquer les acquis des luttes des prisonniers.

C’est le cas avec l’ouverture des portes de cellule en journée dans les centrales (établissements où les prisonniers purgent les plus longues peines) : habituellement, cela permettait aux prisonniers de se rencontrer, d’avoir une vie sociale minimale. C’est quand même pas la lune… Bah, ça aussi, c’est supprimé.

3. Humilier les familles des prisonniers.

Le 5 janvier 2004, suite à la multiplication des fouilles auxquelles les familles étaient soumises, mais surtout aux conditions dégradantes dans lesquelles elles sont faites, une trentaine de proches de détenus de la centrale de Moulins avaient refusé de quitter le parloir durant trois quarts d'heure. Le 17 janvier, la direction a envoyé des recommandés à une quinzaine de familles : «Vous avez contesté les mesures de contrôle [...] Je crois devoir vous informer que le renouvellement d'un tel comportement me conduirait à envisager la suspension de votre permis de visite.» En bref, faut se taire, quoiqu’il arrive !

4. Transférer les prisonniers loin de leurs proches.

Le 22 janvier 2004, deux prisonniers basques étaient transférés de Moulins vers les quartiers d’isolement des maisons d’arrêt de Rouen et de Strasbourg, bien loin de leurs proches et dans des établissements dont le régime de détention ne correspond en rien à leur situation pénale (en tant que condamnés, ils n’ont pas à être en maison d’arrêt). L’un deux, Julen Atxurra Egulorra, placé au Quartier d’isolement, à Rouen, poursuit une grève de la faim depuis le 2 février pour protester contre ses conditions de détention.

 

Depuis mercredi 4 mars, les prisonniers de la centrale de Moulins protestent contre le placement au quartier disciplinaire (mitard) de huit d’entre eux : pour exprimer leur solidarité et montrer leur détermination à exiger la sortie du mitard de leurs codétenus, ils ont rendu les télévisions et les frigos qu’ils louent habituellement à l’administration, ils ont cessé le travail, les activités, les promenades, etc. Alors que ce mouvement collectif se poursuit, nous avons appris qu’un prisonnier, Roland Mauger, s’est donné la mort hier. La prison tue, tous les jours…

Parmi ceux toujours placés au mitard, figure Pascal Brozzoni, un des inculpés de l’incendie de la prison de Clairvaux en avril 2003, qui revendique ses actes. Nous sommes particulièrement vigilants à sa situation dans le contexte de surenchère de la part des matons, notamment ceux de Clairvaux, à moins d’une semaine de la tenue du procès.

5. A nous de jouer ?

C’est dans le cadre de cette forte répression dans les prisons, et tout particulièrement dans les centrales, que nous nous sommes  mobilisés lors du procès du 9 mars des prisonniers inculpés de l’incendie de Clairvaux.

Une cinquantaine de personnes se sont retrouvées dans le tribunal de Troyes pour soutenir les 12 inculpés. Les prisonniers ayant refusés de comparaître  sans instruction ils ont quittés la salle du procès qui a été ajourné. Durant la nuit 4 personnes ont été arrêtées en train de coller des affiches et ont été placées en garde à vue pendant 24 heures. Des graffitis ont été vus dans la ville notamment  à l’entrée du palais  de justice  « Prison= Torture », sur la maison d’arrêt « Les prisonniers ont raison de se révolter », « Solidarité avec les prisonniers en lutte » et sur un commissariat  « Feu aux prisons » ou encore « Plutôt mutin que maton ».

Le 12 mars 2004