TEMOIGNAGE D'UN PRISONNIER DE QUATRE CAMINS

Un camarade prisonnier à Quatre camins nous écrit ces lignes et nous demande de les diffuser... parce que "les nerfs sont à fleurs de peau" et que si les choses ne changent pas "ça pourrait empirer encore plus"

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En premier lieu, je te dirai que la mutinerie du MR-1(module des détenus particulièrement surveillés en catalogne) est la conséquence des abus et des coups que subissent les détenus, seulement pour avoir haussé la voix ou demander la moindre explication sur les fouilles des familles.

Ce qui est dit à propos du paquet de drogue n'a aucun fondement. Nous n'entrerons pas dans cette polémique. Le problème est plutot que cette personne n'a pas pu faire le "vis-a-vis" (parloirs intimes qui se rapprochent des unités de vie familiale en france) et alors qu'il allait demander une explication aux fonctionnaires, ils se mirent à quatre sur lui en lui donnant des coups de matraques puis l'ont soulevé et l'ont enmené. Quelques minutes après monsieur le sous-directeur D. Manuel Tellon apparut et au lieu de tenter de calmer la situation, ce monsieur se prit pour un cow-boy et son regard povocateur et méprisant vers le reste des prisonniers, plus la tension qui existait déjà, fit que la cour se révolta. Sachant que c'est ce meme monsieur qui donne des ordres de fouilles contraignant des parents dont l'age dépasse souvent 60 ans à se mettre en sous-vetements pour les humilier. C'est logique alors que nous, les fils, on finisse par exploser. Et cette fois ça été qu'une alerte car s'ils continuent à employer les memes méthodes et qu'ils changent pas de comportement, la prochaine fois, qui sans aucun doute va pas tarder, ça sera pire, ça sera pas que le sous-directeur qui s'en tirera mal comme cette fois ...

On n'a pas envie que ça continue comme ça, mais ils nous obligent, ils ne nous laissent pas d'autres choix; et puiqu'on est les prisonniers les plus dangereux, comme ils disent, on ira jusqu'au bout ...

On demande seulement qu'ils soient reglo avec nos familles, qu'ils cessent de les humilier, de les contraindre et de les empecher de nous voir s'ils ne se laissent pas fouiller et refusent de passer sous les rayons-x. Aussi qu'ils arretent de nous emmerder et qu'ils commencent à donner les traitements et les chances qui correspondent à chacun.

QUATRE CAMINS. LES VERSIONS OFFICIELLES S'IMPOSENT

Les versions officielles (les mensonges) s'imposent malgré les graves contradictions dans lesquelles nagent ceux qui prétendent faire l'opinion publique (publiée). Ils veulent montrer aux gestionnaires politiques (les entrepreneurs gouvernementaux) leurs capacités de transformation et de reconversion de la réalité et leurs aptitudes à endormir la population ("libre" comme incarcérée).

D'un coté, le maton représentant principal de l'hypothétique syndicat UGT, dit que la révolte à Quatre camins est née d'une bagarre entre prisonniers dans la cour de la prison entrainant l'agression du sous-directeur et d'un maton. Cette version tente d'adresser à la société un message sur la permanente insécurité sociale à l'intérieur des prisons et sur la nécessité d'exclusion d'éléments si profondéments dangereux (presque génétiquement) pour l'avènement de la paix sociale et du progrés. La société devrait etre reconnaissante envers les matons en les récompensant par des augmentations de salaires, des primes de risque, par plus de mesures sécuritaires et en finançant des infrastructures pouvant etre controlées par cette meme bande de matons, authentiques gestionnaires de la ruine humaine imposée à l'intérieur des prisons.

D'un autre coté, le maton représentant du tout autant supposé syndicat CC.OO. dit que le début de la mutinerie a eu lieu après la tentative des gardiens d'empecher l'entrée d'un paquet de drogue après le vis-a-vis d'un prisonnier. Déclaration surprenante qui confirme implicitement à grands cris qu'en prison la drogue est une réalité consentie par la nécessité meme de maintenir les prisonniers "anesthésiés" sous ses effets. En plus, aprés l'approbation du nouveau code pénal qui supprime les remises de peines par le travail, cette nécessité est devenue plus pressante et tolérée; sachant que la gestion de ces drogues est controlée par ceux qui l'ont toujours controlée. Un audit sérieux du sombre clan des matons permettrait de faire la la lumière sur ces circonstances et de démontrer que, comme l'ont fait les services secrets de tous les pays soi-disant démocratiques, c'est ceux qui sont couverts par l'impunité institutionnelle qui font bouger la drogue et que ça sert de clairs intérets de controle du systeme contre les populations ou les rebelles et contestataires. Avec les déclarations de ce syndicaliste controleur de la douleur humaine, on essaye une fois de plus de détourner l'attention des gens vers une autre peur sociale : la drogue et les sous-mondes qui l'entourent. De nouveau on développe le discours sur le "professionalisme" des bourreaux pour cacher les vrais problèmes inhérents à ces espaces punitifs et pénitentiaires.

Ces deux versions sont en concurrence pour démontrer à la direction générale pénitentiaire la capacité de "su-jetion" de ces prétendus syndicats et favoriser un rapprochement avec une administration d'affinité politique, et obtenir la confiance suffisante pour occuper les postes de plus haute responsabilité. Ceci est d'ailleurs déjà arrivé avec les grandes entreprises publiques multinationales quand les socialistes sont arrivés pour la première fois au pouvoir; laissant l'industrie carcérale de coté, de meme que les appareils policiers, militaires et judiciaires dans lesquels le présupposé de propreté de la façade (en castillan "facha-da" jeu de mots avec fasciste) leur a permis de renforcer leures structures réactionnaires.

Comme on pouvait s'y attendre, une autre version s'impose dans l'opinon publiée sans contredire les autres mais bien plutot en les complétant. Sa source n'est pas moins que la direction générale des prisons, par le biais du plus haut responsable des services pénitentiaires et du conseiller de justice de la generalitat (le gouvernement de catalogne) pour lesquels la mutinerie est la conséquence de la situation héritée de la gestion néfaste du PP et de CiU ( les deux partis politiques majoritaires dans le précédent gouvernement de catalogne). Ils reconnaissent que la situation est "insoutenable", mais avec des motivations très différentes de ce que pourraient etre celles d'observateurs impartiaux. Ils parlent de surpopulation dans les prisons pas comme cause déclanchatrice de la mutinerie mais seulement pour déqualifier CiU (les précédents responsables de la gestion pénitentiaires de catalogne qui n'osèrent pas construire de nouvelles prisons seulement pour des raisons de calculs électoraux). Aprés la perte du pouvoir par la formation nationaliste de la droite catalane, la paperasserie est restée dans les mains de cette hypothétique coalition des "gauches", une gauche qui, par ses différentes formations, n'a jamais montré aucune preuve de respect du sentiment populaire et qui, à la plus grande gloire du premier mandat socialiste, a conçu le système silencieusement destructeur des FIES, sans parler d'autres stratégies de guerre sale comme le GAL, les infames réformes du travail, ou le continu enrichissement aux dépens du patrimoine publique et populaire, ou le démembrement des structures populaires de résistance contre la dictature. Ce meme zèle récupérateur d'un système dans la lignée du plus sordide fascisme a amené le plus haut responsable des services pénitentiaires à déclarer que "nous devons détruire les murs des prisons ... mentales", pour faciliter la tache de l'administration et éliminer les résistances à la construction de plus de prisons. Les premiers pas ont déjà été effectués: la réclamation et la promesse de plus d'investissements et de budgets à dilapider dans la construction de nouveaux murs avec des technologies sophistiquées pour le controle et recouverts de fils de fer barbelés dont la précision du tranchant multiple a été éprouvée; une dispertion plus efficace qui permette un travail de la technologie destructrice et depersonnalisatrice plus efficace; un traitement plus personnalisé pouvant impliquer un plus grand usage de thérapies chimiques et physiques pour la destruction des volontés les plus réfractaires, inadaptées et résistantes au système "réinsérateur" pénitentiaire, sans oublier le role important de la resocialisation soumise dans le cadre de l'exploitation par le travail dans les conditions les plus infames et les plus précaires.

Trés vite et en dépit des nouveaux discours publics, une trentaine de prisonniers désignés comme les responsables de la dernière mutinerie de Quatre Camins ont déjà été transférés pour etre soumis au traitement spécial de rééducation, et avec une plus grande sophistication pour 5 prisonniers qualifiés de "noyau dur" de la mutinerie. Un changement évident est perceptible dans cette nouvelle gestion. Ce qu'il y a 2 ans ils appelaient "cerveaux instigateurs" de la mutinerie ont été reconvertis cette fois en "noyau dur" ... peut etre parce que le cerveau sonne encore de manière trop noble.

NOUS NE POUVONS PAS ABANDONNER A CE "DESTIN" LES PRISONNIERS.

SOLIDARITE AVEC LA REVOLTE DE QUATRE CAMINS ET OUVERTURE DE POURSUITES ET DE CRANES D'IRRESPONSABLES POLITIQUES.