La maison d'arrêt sous haute
tension
L'événement Osny
HIER
APRÈS-MIDI, seule la tondeuse perturbait le silence ensoleillé
devant
les murs de la maison d'arrêt du Val-d'Oise (Mavo), à
Osny. L'ambiance
semblait moins tendue que la veille, quand près
de 150 policiers avaient
dû venir prêter main-forte
aux surveillants pour contraindre 250 détenus à
réintégrer
leurs cellules. Une opération qui s'est finalement achevée
dans
le calme et sans aucun blessé.
Seule trace de la
révolte, la présence des équipes
régionales
d'intervention et de sécurité
(Eris), qui ont fini par quitter les lieux
en fin d'après-midi.
Hier matin, une quinzaine de détenus, qualifiés de
«
meneurs », ont également été
contraints de déménager, sous bonne escorte ,
vers
d'autres maisons d'arrêt de la région parisienne. Ce
mouvement de
colère faisait suite aux incidents survenus
vendredi dernier : les
policiers avaient déjà dû
intervenir dans l'enceinte de la Mavo pour les
mêmes
raisons.
830 détenus pour 588 places Ces incidents à
répétition ont pour cause
principale la
réorganisation des séances de sport destinées
aux détenus.
Une réforme interne, due notamment à
la surpopulation actuelle, oblige la
direction à mieux
cadrer les mouvements de détenus à l'intérieur
de la
Mavo. Avec 830 détenus pour 588 places théoriques,
la Mavo doit faire face
à des statistiques rarement
atteintes depuis son ouverture. « L'idée
générale
est que tous les détenus doivent avoir accès au sport,
mais pas
tout le temps et pas n'importe comment », note le
directeur Didier
Voituron, qui insiste sur le fait qu'il n'a «
jamais été question de
supprimer le sport ». «
Nous nous sommes rendu compte que certains détenus
n'avaient
pas accès au sport, qui était devenu une sorte de
chasse gardée
pour d'autres, sans doute plus influents,
avance un surveillant. Je pense
que ce sont ces derniers qui
entendent garder leur privilège en
protestant. »
Reste que pour beaucoup de surveillants de la Mavo, le
problème
du sport n'est que « l'élément déclencheur
». « Les tensions sont
latentes depuis quelques
semaines », lâche un responsable syndical. Et
le
quotidien se durcit (voir encadré) . « A
l'intérieur des cellules, on
arrive à maintenir le
calme car on reste à une moyenne de deux détenus
par
cellule, juge un surveillant. Mais c'est à l'occasion
des mouvements et
des promenades que le danger survient. »
Depuis plusieurs mois, beaucoup
d'associations intervenant à
la Mavo dénoncent cette surpopulation qui
allonge tous les
délais et les listes d'attente pour être scolarisé,
pour
faire du sport ou pour rencontrer un psychiatre, par exemple.
Les délais
d'attente pour les familles aux parloirs
s'éternisent eux aussi. Les
renforts en encadrement prévus
pour le mois prochain pourront peut-être
offrir un peu plus
de « maniabilité ». « Et puis, avec les
grâces du 14
juillet, on reviendra peut-être à
un taux d'occupation plus supportable »,
lâche un
surveillant.
Damien Delseny
Le Parisien , mercredi
19 mai 2004