Un gardien de prison écroué après l'évasion de Joseph Menconi de Borgo
BASTIA, 1 oct 2004 (AFP) -
Un gardien de prison, soupçonné d'avoir aidé
le roi de la belle Joseph Menconi à s'évader de
la maison d'arrêt de Borgo (Haute-Corse) en mars 2003, a
été mis en examen à Bastia et écroué,
étayant les accusations de complicité interne à
l'établissement formulées à l'époque
par le garde des Sceaux.
Le surveillant, âgé d'une quarantaine d'années,
a été mis en examen au printemps pour "connivence
à évasion par personne chargée de la surveillance
d'un détenu" et placé sous mandat de dépôt
à Marseille, a-t-on indiqué vendredi de source judiciaire.
Des "indices à charge" ont été
retrouvés sur son lieu de travail et à son domicile,
mais il nie les faits qui lui sont reprochés, a-t-on précisé
de même source, confirmant les informations révélées
par Corse-Matin.
Décrit par une source policière comme "un homme-clé
du milieu corse", Joseph Menconi, 39 ans, réputé
proche du gang de la "Brise de Mer", un bar de Bastia,
avait été arrêté à Aubagne (Bouches-du-Rhône)
trois semaines après son évasion. Condamné
en 2003 pour une précédente belle de Borgo, pour
l'attaque d'un fourgon blindé et pour meurtre, il a tour
à tour été qualifié de "malfaiteur
chevronné, capable du pire" et d'"homme violent
et dangereux" par le ministère public.
Juste après sa rocambolesque évasion, le 7 mars
2003, le ministre de la Justice Dominique Perben avait affirmé
qu'il avait "bénéficié de complicités"
à l'intérieur de la maison d'arrêt.
"Des recherches se poursuivent sur d'autres personnes. L'affaire
est toujours ouverte", a-t-on précisé vendredi
de source judiciaire, laissant entendre que d'autres complicités
pourraient être mises au jour dans ce dossier.
barreau scié
Outre d'éventuelles aides internes à la prison,
Menconi avait bénéficié du soutien d'un complice
à l'extérieur de l'établissement.
Le champion de l'évasion, considéré comme
"détenu particulièrement surveillé"
et placé à l'isolement, avait quitté sa cellule
vers 04h30 du matin par la fenêtre, dont un barreau avait
été scié. S'aidant de la porte des toilettes,
il s'était hissé sur le toit, avant de redescendre
dans une cour, avec une échelle de corde et un grappin.
Entretemps, il avait cadenassé une porte, empêchant
les surveillants d'intervenir.
Avec une arme à feu factice, il avait menacé le
portier, également mis en joue depuis l'extérieur
par un complice armé d'un lance-roquette, qui s'est avéré
faux.
En 1998, Menconi s'était déjà évadé
de Borgo grâce à des échelles fournies par
des complices, belle pour laquelle il a été condamné
à 6 ans de prison le 12 novembre 2003.
En octobre 2003, il s'était vu infliger 12 ans de réclusion
pour sa participation à l'attaque d'un fourgon blindé
de transport de fonds en 1997 à Saint-Laurent-du-Var (Alpes-Maritimes).
Le 17 décembre 2003, il a été condamné
à cinq ans de prison par la cour d'assises de Bastia, bénéficiant
de circonstances atténuantes après avoir tué
par balles un légionnaire et blessé un gendarme,
au cours d'une rixe en 1997 à Calvi (Haute-Corse). Il est
enfin mis en examen dans une affaire de double assassinat, à
Moriani-Plage, au sud de Bastia, le 21 août 2001.