9 mars, L'union
Evasion ou tentative : trois détenus condamnés à Châlons

Dix gendarmes, un chien de garde. Service d'ordre renforcé, mercredi, au
tribunal correctionnel de Châlons-en-Champagne. En raison de la présence de
Joachim Cordoin, Detlef Lepère et Sébastien Preuvot, poursuivis pour s'être
évadés de la maison d'arrêt de Châlons ou avoir tenté de le faire.
Il est aux alentours de 23 heures, le 16 octobre 2003, quand l'alerte est
donnée par le surveillant du mirador. Perchés sur le mur d'enceinte
intérieur, les trois détenus viennent de se jeter dans le vide pour
atteindre le mur d'enceinte extérieur séparé de quatre mètres.
Un saut que Joachim Cordoin réussit, au contraire de MM. Lepère et Preuvot.
Ils s'écrasent au sol et se blessent, l'un à la jambe, l'autre au bassin. Si
gravement que les surveillants rondiers n'ont plus qu'à les cueillir.
Alors qu'ils sont transportés au centre hospitalier de Châlons-en-Champagne
par les sapeurs-pompiers, Joachim Cordoin joue les filles de l'air. Sa
cavale dure plusieurs mois. Elle prend fin le 23 avril à Château-Thierry où
une patrouille de police l'interpelle.
«Non sans mal», précise le président de l'audience Francis Bihin. En fonçant
sur les policiers avec son scooter, il en a sérieusement blessé un. Puis
mordu d'autres à plusieurs reprises quand ils tentaient de le maîtriser.
Alors âgé de 22 ans, le jeune homme était placé sous le mandat de dépôt d'un
juge d'instruction de Laon pour un vol criminel avec tortures ou actes de
barbarie. Detlef Lepère, 26 ans, était pour sa part en détention provisoire
dans le cadre d'une affaire de stupéfiants et Sébastien Preuvot, 24 ans,
purgeait une peine relative à des faits de toute nature (vols, dégradations,
refus d'obtempérer).
S'évader «ÊC'est tout simpleÊ»
«Je venais d'arriver à Châlons, j'avais des problèmes, j'ai pété un câble et
j'ai voulu m'évader», explique-t-il. «J'ai fait la proposition aux autres,
ils ont suivi.» «Ca s'est fait sans préméditation», ajoute Detlef Lepère. Et
les trois prévenus de raconter brièvement comment ils ont procédé.
Ils ont descellé les barreaux de leur cellule avec deux pieds de table et un
morceau de ferraille. «Ca s'est déboîté, c'est tout simple», précise Joachim
Cordoin en souriant.
Ils sont passés par la fenêtre, se sont hissés jusqu'au toit du bâtiment et
l'ont longé en marchant dans la gouttière. «Il faisait nuit, on avançait au
hasard», ajoute-t-il d'un air toujours aussi provocateur.
Comme par hasard, ils ont atteint un angle non visible des miradors et se
sont rapprochés le plus près possible du chemin de ronde, donnant sur la
station essence qui se trouvait place de Verdun.
«On n'avait plus le choix, il fallait sauter», dit Detlef Lepère. «Le
kangourou», selon son avocat, Me Bruno Péchart, a cependant manqué d'élan.
Comparaissant libre, il a été condamné à un an d'emprisonnement. Il est
reparti libre, attendant d'être convoqué par le juge de l'application des
peines pour purger la sienne. Actuellement détenu à Fleury-Mérogis,
Sébastien Preuvot a écopé de la même peine mais avec mandat de dépôt. Enfin
Joachim Cordoin, incarcéré au centre pénitentiaire de Laon, a été condamné à
deux ans d'emprisonnement, avec mandat de dépôt également.
Une peine infime en comparaison des 25 ans de réclusion criminelle auxquels
il a été condamné le 1er octobre par la cour des assises des mineurs de
l'Aisne pour vol avec tortures ou actes de barbarie.
Sophie Bracquemart