Chère Envolée (si lyrique parfois)

Pardon de prendre le crachoir d’office (je vous lis beaucoup quand c’est possible, mais m’exprime peu), mais… je suis l’un des 3 (et non pas 2) du 24/11/2003 de Moulins Yzeure qui goûtèrent (ô combien goulûment) les escaliers et couloirs de la Maison Centrale, en ce fameux soir de « reddition ». Le sol était, par endroits, plutôt dur et froid. Je n’ai pas pu bien voir le paysage, car deux Eris me faisaient chacun une clef à un bras plutôt douloureuses (mais c’est fait pour). Deux bras, deux Eris ? Et les pieds me diriez-vous ? Ben, ils buttaient où ils pouvaient, tiens ! Mais je ne voudrais pas vous encombrer avec des détails sans intérêts. Chacun sait que le tabac est mauvais pour la santé (ou Moulins, ou ailleurs).

Je vous sens suspicieux ; coment ça trois ? A la télé, à la radio… dans les PQ régionaux… !

Ben oui ! Trois !

J’explique ? Bon !

A l’atelier 1 (marquetterie-ébénisterie) un type est un peu mal foutu. Pas le gros cancer qui tue, comme sur mon paquet de clopes ; pas la jolie maladie avec un super nom bac + 15, non, heu,… « embarras gastrique » ça s’appelle. (C’est naze, hein ?). Le mec va voir le formateur et lui demande si, des fois, dans sa boite à bobos il y aurait pas ?… un truc ! Le formateur regarde… Whalou… ! Y’a pas !

Bon !

Le mec retourne à son établi et se cramponne discrètement l’estomac (pas envie de se faire foutre de sa gueule par les copains).

Mais au bout d’un moment, le mec se dit que c’est trop con, et qu’il va « trôner » dans son 9m2 perso de location gratos, plutôt que sur le blanchon collectif (même au trou depuis des années, on garde encore des reliquats de vieilles pudeurs ; un comble !) Le mec retourne voir le prof, et lui demande à remonter. Le prof saisit la geuffre de bakélite blanche, et transmet les desiderata du stomaqueux. Le dit stomaqueux retourne se cramponner discrètement la brioche à sa place, et attend (on prend vite l’habitude d’attendre en taule).

Là (attention… le scénario se corse… suspens !), un pote du stomaqueux (1 des 2 de la finale en double-messieurs), s’approche et lui dit :

L’autre :

Le stoma (pris de court)

Il regarde l’autre, et le voit plus grave qu’à l’ordinaire. Radar au taquet, le stomaqueux se dit, en son for intérieur (et en français usuel, faute de pratiquer quelqu’autre sabir que ce soit) « apparemment, y’a un truc sur le feu » L’autre n’est pas menaçant mais semble, comme on dit « dé-ter-mi-né »

Le stoma retourne voir le prof, et, avant qu’il ait pu dire un seul mot, celui-ci a dit

Le stoma

Deux matches arrivent, et se retrouvent illico embarqués dans le bureau du formateur, avec celui-ci et un bricard… Alarmes… Courses dans les couloirs, etc…etc… !

A la fin de l’affaire, vers les 19h et des… (soit un peu plus que les 4 heures évoquées sur les ondes), le stoma évacue, comme tout le monde, en direction de « ses » pénates de presque libérable, par le couloir encombré d’une foule compacte de Robocops encagoulés de toutes sortes et de matches, plus ou moins gradés, du personnel habituel de la « résidence », dont certains brandissent des fusils à pompe.

En file dite indienne, les mains sur le chignon, longeant le mur du fameux couloir, les premiers sont invités à se mettre à poil. On se demanderait bien pourquoi ; si on ne savait déjà que c’est uniquement pour informer la « bête » de son infériorité physique (donc mentale !!!). Les militaires ont toujours fait cela à leurs « clients » civils ; partout !

« Si tu n’es pas en uniforme, tu n’es rien ! » Aucune convention n’existe (du moins à ma connaissance)

Dans toutes les formes de la dictatature, l’uniforme seul fait l’homme ; le clan ! Alors pour bien appuyer le contraste, on braque un mec, et on le fait mettre à poil ! Juste pour tenter de l’humilier. C’est comme ça ; ne discutez pas, circulez !

Enfin bref !

Le stoma se retrouve à poil (mais avec une aide musclée en streep tease) dans un cul-de-basse-fosse et quelques gnons, comme ça, pour la route en prime. Le cul à l’air et les bras retournés dans le dos, avec un genou en Kevlar sur la colonne vertébrale (il pesait au moins 854kg322, ce con !)

Le confort des prisons, version medias officielles ? Bof ! Très surfait, parole !

Bref ! Frappe chirurgicale (à l’américaine) de la part d’une administration pénitentiaire qui n’a, semble-t-il, toujours pas digéré la remise en cause de ses pouvoirs de droite divine, en mai 81, et se venge, sous la protection bienveillante de l’extrême-droite light.

45 jours pour les trois (Dans le doute, tuez les tous, Dieu reconnaîtra les siens)

Bien-sûr, les deux potes, juste après moi, ont eu droit à une séance de massage au Kevlar beaucoup plus soutenue encore ! (Qu’est-ce que ça résonne dans les QD !!!)

Dès le lendemain, les deux potes (Dédé et Cyril) s’insurgent :

Rien n’y fait. Tout le monde s’en tape. (Si j’ose dire).

JJ le stomatique se dit alors (toujours dans le même for que tout à l’heure et dans le même patois bien-sûr) que 45 jours de mitard, merde ! ça va sûrement lui rappeler sa jeunesse « agitée » et qu’à bientôt cinquante piges, on puisse encore le supposer possible mutin, il veut bien trouver ça flatteur si on insiste, mais… !

parce que le JJ, c’est pas vraiment le style « foudre de guerre ». Il s’est bien battu…certes… autrefois, (en 73 et 74, sur les différentes toitures administratives, en 90 à Loos-les –Lille). 48 heures à narguer, avec 69 autres, les mobiles, les CRS, les pompiers et les matches, avec sa « petite pincée de tuiles » (comme on dit à Toulouse). Mais bon, place aux jeunes, comme on dit (aussi) dans les cimetières à concessions renouvelables.

Et puis, le JJ, il a (très) bien connu l’époque de la tenue pénale, du mitard debout, des tinettes. L’époque où la « veuve » exerçait encore, au nom du peuple, mais en cachette de celui-ci, sa triste besogne de décapsulage de chignons, et le JJ il en a un peu ras la barbiche de tout ça !

C’est pas le mauvais camarade le JJ, mais… toujours les mêmes qui se prennent les gnons dans la tronche, et toujours les mêmes qui, seuls, profitent des (tout) petits changements positifs, si chèrement gagnés, en pleurnichant parce que le matche leur a taxé un bout de shit (et sans même faire un rapport ! un comble !)

Le JJ, il comprend bien qu’un jeune de 25 piges, libérable en 3512 « pète les plombs », évidemment (et pour cause !), mais le JJ, lui, il peut rien faire, hélas ! car il ait bien qu’il est presqu’au bout de son propre rouleau.

Il sait aussi le vieux JJ que les coups de matraque, ça commence toujours par les prisons, et que si la sacro-sainte opinion publique ne tire pas la sonnette d’alarme, ça continue par la célébration des « messes » à la mémoire de Charonne, puis dans les facs (c’est subversif, un étudiant, ça veut penser tout seul !!!) Puis, c’est au tour des usines, où le fantôme de Saint Taylor tanne toujours le cul à celui de Stakanov ! Ensuite, ou conjointement, comme on dit en Jamaïque : « je suis con mais le dernier qui m’a vu bosser, il est pas jeune ! » (Hein ? Ah oui ! t’as raison ; ça c’est Coluche), conjointement donc, c’est la censure. Cette vieille Anasthasie si prompte à moraliser tout et n’importe quoi. Si prompe à normaliser. Puis, toujours, les soutanes montrent leurs museaux de carême. Elles commencent par jouer les médiatrices et font leur trou ; douillettement ! Elles influencent quelques faiseurs de lois q ui fagocytent tout : la culture, les Arts, l’histoire, la pensée collective, puis la pensée tout court.

Un corollaire ? Un seul ?

Tiens : la délation, élevée au rang de « Qualité Morale Supérieure ». A tel point que la non délation devient une complicité « activiste ».

Faut pas croire, il est pas beaucoup plus con qu’un autre le JJ, mais quoi ? Dites-lui ce qu’il doit faire. Mieux ! Montrez-lui !!!

Quand, avec quelques autres, il y a quelques années déjà, il a ouvert une grande gueule en disant : « attention, les fachos arrivent », on lui a dit : « nous les casse pas avec ta vieille parano. Regarde la match de foot. Lâche ton afghan et bois plutôt un ricard ! Tu nous emmerdes. »

Il a insité le JJ. Il a dit : « mais putain, vous voyez pas ? On vire les pauvres des centre-villes ; les flics recommencent les ratonnades, on tabasse les clodos, on multiplie les peines de prison par trois, les soutanes s’installent à l’Elysée, les politicards s’auto-amnistient, etc., etc »

On lui a répondu « casse-toi ! Tu nous empêche de regarder le match ! Tu te prends pour le Che ? Ou quoi ? »

Alors, comme quelques autres, le JJ, il a dit : « Hé merde ! Démerdez-vous sans moi ! »

Et il s’est cassé ! Il s’est extrait du troupeau de bœufs d’abattoir ; il s’est lui-même exclu, mais en espérant confusément, quand même ne jamais voir poindre un « soleil vert » (1972 ? Vous croyez ?)

Le JJ, il est reparti voir si le Blues ou le Jazz pouvaient encore pleurer sur du tertiaire… des fois que… ou dire des choses tendres à une belle…

Enfin bon ! Il s’est dit qu’une gratte et un ampli, au moins ça résonne (Ca raisonne aussi ?)

Désolé, madame la Tentiaire, le JJ il est plus dans la course. Il n’est plus qu’un énième « dégât collatéral ». Il n’est pas (tant il eut pourtant aimé l’être à une époque) un obstacle pour que vos amis Eugênistes-Conservateurs Chrétiens-Nazis prennent ou reprennent ce qu’ils pensent sincèrement être de leur droit divin ; le pouvoir absolu sans justifications et sans partage, sur les sans grades que nous sommes.

Portant le 18 décembre « on » va sûrement lui remettre une « petite couche sur la tartine » au JJ. Pour l’exemple ! Afin de décourager les –probables- émulations. Ca ne servira à rien, parce que ça va péter quand même, à Moulins et/ou ailleurs. Tout le monde le sait (à part peut-être ceux qui se cament à la « pop-star-académie »), mais il faut gérer, au jour le jour, la grogne persistante. Ce « cri sourd des pays qu’on enchaîne » (J. Kessel). Juste le temps de forger assez de matraques pour que tout le monde soit bien servi.

Sur ce. Bon appétit.

(Le 13/12/2003 au mitard de la MC de Moulins Yzeure).

PS : Et toi l’ami, l’entends-tu ce cri sourd des pays qu’on enchaîne ? Dis, l’entends-tu ?

PPS : dernières nouvelles du front : 19 décembre. Les potes, DD et Cyril se sont goinfrés 4 piges, et le vieux JJ, « seulement » 6 mois. Une petite couche de plus sur sa tartine. Pour le goût ; bien fine !

Les gens de l’Envolée (et quelques autres aussi) étaient là, gros merci, l’équipe !!! Ils vous raconteront si vous voulez ? (mais l’Aléa en était déjà Jacte, je crois)

JJ (Que il a pas trop le blues quand même tout aurait pu êre bien pire !). Bisoux aux filles.