Neuf heures de tension à la prison de Moulins-Yzeure
(Allier) LA PRISE D’OTAGES qui a débuté,
hier à 10 heures, à la prison de Moulins-Yzeure
s’est terminée, sans heurts, hier vers 19 heures. Les
quatre membres de l’administration pénitentiaire qui
étaient retenus ont été libérés
sains et saufs, et les mutins se sont rendus. Tout a commencé
hier, en milieu de matinée, quand trente-trois détenus,
qui se trouvaient dans les ateliers au rez-de-chaussée de
la centrale, ont pris en otages cinq personnes, dont quatre
surveillants et un formateur en marqueterie chargé d’animer
l’un des ateliers de la prison. D’après
l’administration pénitentiaire, une dizaine de
détenus auraient mené la fronde. Parmi eux, deux
hommes dangereux et très motivés, qui ont utilisé
des outils comme armes blanches : André Alex, 27 ans,
condamné pour braquage et qui devait être libéré
en mai prochain, et Cyril Bastard, 28 ans, condamné pour
trafic de stupéfiants et vols avec violence. Il devait
purger sa peine jusqu’en août 2011. Ces deux hommes
ont été placés au quartier disciplinaire, et
risquent jusqu’à 45 jours d’isolement en plus
d’une autre condamnation pénale pour la prise
d’otages. La deuxième en dix mois Dès
l’alerte donnée, les forces de l’ordre se sont
déployées aux abords de la centrale : une
centaine de gendarmes, quarante hommes du GIGN roulant dans de
superbes Chevrolet, ainsi que les toutes nouvelles brigades de
l’Eris (équipe régionale d’intervention
et de sécurité), créées récemment
par le garde des Sceaux, dans la foulée de la précédente
prise d’otages à la centrale d’Yzeure en
février dernier ! Très vite, les mutins ont
libéré deux personnes, ne conservant que trois
otages. Ils découvriront plus tard un quatrième
membre de l’administration pénitentiaire, caché
dans un recoin de l’atelier, qui sera à son tour pris
en otage. Ce n’est qu’au terme de près de neuf
heures de négociations que la situation a pu être
dénouée sans incident. Reste que cet établissement,
qui compte cent dix-sept détenus réputés pour
leur casier chargé, donne beaucoup de fil à retordre
à l’administration pénitentiaire. En dix mois,
c’est la deuxième prise d’otages, dont une avec
tentative d’évasion. En juin 2000, trois détenus
particulièrement dangereux s’étaient également
fait la belle par les airs, et la mutinerie de 1995 est restée
gravée dans les mémoires. « Ça
commence à faire beaucoup », enrageaient les
surveillants, hier. « Ici, les problèmes ne
viennent pas d’une surpopulation carcérale. Mais on
ne garde pas des enfants de coeur ! Nous sommes confrontés
à des détenus de plus en plus dangereux, souvent des
psychopathes qui n’ont rien à perdre en menaçant
la vie des autres puisqu’ils sont ici pour des peines très
lourdes, sans aucun espoir de sortie parfois avant trente ans »,
précisait Michel Cherruault, délégué
FO. « Si on prive ces gens de travail pénal, ils
deviennent des fauves en cage, impossibles à réinsérer »,
nuance Brenard Houlesse, délégué syndical
Ufap. Selon un officier de gendarmerie, la tension était
palpable, à tel point que l’accès au quartier
de détention avait été interdit hier matin
aux femmes surveillantes. L’origine de la mutinerie et de la
prise d’otages ? « Depuis quelques semaines,
la colère monte chez les détenus, reconnaît
James Vergnaud, secrétaire local FO. Nous sommes la seule
prison de France où l’on applique le principe de la
porte fermée et les prisonniers le vivent très
mal. » Autrement dit, depuis quelques mois,
l’administration a préféré renforcer la
sécurité, en refusant aux détenus le droit de
sortir de leurs cellules pour déambuler dans les couloirs,
comme c’était le cas avant les nouvelles directives
du garde des Sceaux. La goutte d’eau qui aurait fait
déborder le vase. Une fois de plus... Le prochain
établissement concerné par la fermeture des portes
des cellules après 17 heures sera la maison centrale de
Saint-Maur (Indre).
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